Les mythes de la Gorgone nous narrent l’histoire de terrifiantes créatures à la chevelure de serpents pouvant pétrifier leurs ennemis par un simple regard. Ce mythe apparaît déjà à la fin du VIII siècle av J.C, chez Homère, ce dernier nous parlant d’une Gorgone nommée Gorgo et résidant aux enfers. Le poète Hésiode compte trois gorgones: Sthéno, Euryalé et Méduse, petites filles de la déesse primordiale Gaïa, faisant d’elles des créatures pré-olympiennes. Ces créatures sont hideuses, leurs bouches sont pourvues de défenses de sangliers, leurs mains sont en bronze et elles ont de puissantes ailes d’or dans le dos. 

L’histoire la plus connue est celle de Méduse, la gorgone mortelle. Comme toujours chez les grecs, il y a plusieurs versions d’un même mythe, qui diffèrent selon les régions, les auteurs et les époques. 

Pour les uns, Méduse était une sublime jeune femme vivant sur l’île de Sériphos, qui charmait tous les regards. «Parmi tous ses attraits, ce qui charmait surtout les regards, c’était sa chevelure» nous dit le poète Ovide. Enivré par sa propre beauté, elle osa se comparer à la déesse Athéna qui l’a maudit, la transformant en créature effrayante à la chevelure de serpent. 

Pour les autres, Méduse fut abusée par Poséidon au sein même du temple d'Athéna qui punit injustement cette mortelle en la transformant en monstre.

Maudite, elle passera le reste de son existence avec les deux autres gorgones sur les rives de l’océan, à l’extrême-occident du monde, là où chaque jour le soleil disparaît. Certains voient dans les Gorgones une incarnation de l'hiver, de la nuit noire d’Ouranos dont elles sont les progénitures. 

Méduse sera finalement terrassée par Persée, utilisant le reflet de son bouclier pour éviter son regard pétrifiant. 

Le masque de la gorgone est omniprésent dans l’iconographie antique, des objets du quotidien aux boucliers des soldats. Le mythe de Méduse et de Persée a de nombreuses interprétations. Certains y voient un mythe cosmologique où la lumière terrasse l’hiver et son souffle glacial symbolisé par le regard pétrifiant. D’autres la victoire de la vertu aidée par la Sagesse sur les tendances perverses, interprétation chrétienne du mythe antique.

La figure de Méduse vise aussi à conjurer le mauvais sort. Elle est présente sur de nombreux boucliers grecs. Les romains d’orients ont sculpté au VIe siècle deux gigantesques têtes de gorgones qui servent de base à la célèbre Citerne Basilique de Constantinople afin de protéger l’eau de la ville. Nous avons pensé notre gravure dans cet esprit, celui d’un talisman protecteur, d’un mythe incarné en une image, d’un morceau de culture antique que chacun peut faire vivre dans son foyer.